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« Dans la montagne, les souvenirs, les impressions sont plus vivaces. Les idées sont comme les nuages elles s’arrêtent, se logent dans les creux, et les tempêtes qui passent au-dessus soufflent bien longtemps avant que les vieilles croyances, qui reposent dans les plis du rocher, se décident à déloger. »

Appliquant avec précision cette observation générale et pittoresque à la question des lois de succession, M. Le Play a constaté que, « dans les montagnes à pentes abruptes, à champs enclos et à cultures arborescentes, où le manque de communications rapides a retardé l’invasion des idées et des intérêts qui propagent ailleurs les habitudes du partage forcé…, les familles intelligentes et considérées maintiennent l’ancien régime de transmission intégrale[1]. » Elles y parviennent, grâce au consentement de tous leurs membres, à la tolérance des officiers publics, aux conseils du clergé[2] et à la Coutume, qui attribue à l’héritier-associé (généralement l’aîné des enfants) la quotité disponible, à titre de préciput ou hors part.

Tel était le cas pour la famille Mélouga. « Sous l’influence de l’ancienne Coutume du Lavedan,

  1. La Réforme sociale, t. II, § 34.
  2. Nous tenons de la bouche du vénérable curé de Cauterets que le clergé local reste toujours favorable au respect de la Coutume et à la perpétuité des traditions,