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gendre et la naissance de 3 enfants, l’effectif de la famille est tombé de 15 à 10 membres. Dès le mois d’octobre 1869, il a été encore réduit par le départ du fils unique de Savina, le jeune Joseph, qui s’est engagé comme soldat dans des circonstances pénibles, sur lesquelles nous allons revenir. Ainsi cette grande maison patriarcale et hospitalière a perdu en neuf ans six des hôtes qu’elle abritait.

En même temps que ses rangs se serraient, la famille a vu fuir son aisance. Elle a dû vendre successivement une partie de ses terres pour une somme de 2,200 francs. Son bétail, dont elle était si fière, s’est réduit presque des deux tiers, et ne comprend plus aujourd’hui que 6 bêtes à cornes, 30 brebis, 12 agneaux, 2 porcs. Par suite, les revenus de la viande, du lait, du beurre et de la laine ont très notablement baissé, et la gêne est venue[1].

Comment s’est donc accomplie cette déplorable transformation ? La famille est restée laborieuse, d’une moralité et d’une économie exemplaires ; elle a été épargnée par les sinistres et par ces maux extérieurs qui pourraient expliquer un tel revirement. Ce n’est donc pas là qu’il faut en chercher le secret. Le malheur de cette famille

  1. Pour abréger, je m’en tiens à ces indications générales et je renonce à mettre en œuvre, au moins ici, les données que j’ai recueillies et qui conviendraient à une monographie détaillée.