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lutte a aussi sa grandeur et son intérêt. Si elle est moins retentissante que celle des armées se heurtant sur le champ de bataille, elle exerce, par sa continuité dans le temps et l’espace, une influence peut-être tout aussi décisive sur la vie sociale et les destinées d’une nation.

C’est un épisode obscur de cette lutte que j’entreprends ici de retracer sommairement. Il ne s’agit, il est vrai, que d’une pauvre famille de paysans, perdue dans les montagnes, et bien éloignée de soupçonner qu’en dehors du cercle étroit où elle se meut, quelqu’un puisse s’occuper d’elle. Mais la famille Mélouga a eu cet honneur et cette bonne fortune que M. Le Play l’ait choisie, à la suite de ses observations faites sur place en 1856, comme le type de la meilleure organisation sociale, et que, se rendant compte des dangers qui la menacent, il lui ait consacré la monographie qui compose le Livre second de cet ouvrage.

Ayant eu l’occasion d’observer cette même famille à partir de 1869, pendant divers séjours à Cauterets, je me suis enquis avec beaucoup d’intérêt des transformations successives qu’elle avait subies depuis 1856. C’est le résultat de cette enquête que j’ai résumé dans les lignes suivantes, sur la demande bienveillante de l’éminent auteur des Ouvriers européens et de la Réforme sociale et je l’ai complété, pour cette