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En constatant que, dans cette localité, le progrès de l’instruction publique, des moyens de communication et de l’indépendance individuelle peut, sous certains rapports, compromettre le bien-être et la moralité des populations, on est conduit à se demander pourquoi les mêmes progrès n’entraînent point en Angleterre ni aux États-Unis les mêmes conséquences fâcheuses. Cette explication se trouve pour l’auteur dans la direction imprimée à l’opinion publique chez les Anglais et les Américains du Nord, et dans l’idée juste qu’ils se font des bases essentielles d’une bonne constitution sociale.

L’instruction publique, les sciences et les arts, les voies rapides de communication, les rapports intellectuels établis par la presse, la liberté civile elle-même, ne sont, à leurs yeux, que les éléments secondaires, et, en quelque sorte, la manifestation extérieure d’une bonne constitution sociale. Leur essor n’est désirable, et leur influence ne se fait sentir d’une manière bienfaisante, que s’ils ont pour contre-poids dans tous les cœurs la religion et l’autorité paternelle. L’opinion unanime, qu’entretiennent à cet égard les hommes d’État de ces deux pays, explique pourquoi les améliorations sociales se concilient avec la stabilité dans les institutions de la race anglo-saxonne ; elle est, au fond, la cause première de la prépondérance que prend cette race dans le monde entier.