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servé ; des sommes considérables sont consacrées à faire dire des messes à leur intention.

Ces habitudes se lient à des mœurs fort recommandables ; le maître et la maîtresse exercent sur tous les membres de la famille l’autorité indispensable à la conduite des travaux et au maintien de l’ordre intérieur. Les enfants, voyant les membres de la communauté obéir à ses chefs en toute circonstance, s’habituent, dès leur plus jeune âge, à accorder aux supériorités sociales le respect à défaut duquel il ne peut y avoir de stabilité dans l’État. Mais, en même temps, les sentiments d’affection que développe la vie de famille contribuent à alléger, pour tous les subordonnés, le poids de cette autorité. Les enfants sont traités avec douceur, et l’on fait de grands sacrifices pour leur éducation ; nonobstant l’urgence des travaux confiés aux adultes, ils se livrent en toute liberté aux jeux de leur âge. On remarque que, sous l’influence de l’enseignement scolaire, les enfants sont devenus plus familiers avec la langue française que ne le sont les gens âgés, et qu’ils se servent moins exclusivement du patois local. Bien que les mariages soient peu précoces, les mœurs des jeunes gens sont exemplaires. Les membres de la famille qui gardent le célibat, et qui laissent dans la communauté la dot à laquelle ils auraient droit, sont traités avec beaucoup d’égards. Le domestique lui--