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par un caractère éclatant par la permanence des engagements réciproques sous le régime des baux à volonté (at will) qui laisse aux deux parties le droit de rompre chaque année le contrat. Toutes les classes dirigeantes comprennent l’utilité de cet accord. Elles soulèvent l’opinion contre les propriétaires qui tendraient à le détruire. Elles se montrent, dans les questions d’impôt, très favorables aux cultivateurs du sol ; et, dans les discours parlementaires, on les nomme habituellement « nos amis les fermiers ». Mais l’harmonie se maintient moins aisément entre ces mêmes fermiers et leurs collaborateurs habituels. À mesure que ceux-là s’enrichissent, on aperçoit, dans leurs rapports avec les ouvriers ruraux, des symptômes fâcheux. La vie agricole offre d’ailleurs d’autres symptômes plus redoutables. Les types d’ouvriers dégradés et instables créés par les manufactures se retrouvent dans les bandes de moissonneurs nomades qu’appelle, en certaines régions, le règne trop exclusif de la grande culture. Cette désorganisation des agriculteurs nomades est un danger pour les familles-souches des agriculteurs sédentaires[1].

Les familles-souches de la petite propriété ont eu un sort tout autre sur le continent de l’Europe. Elles s’y sont maintenues, en présence des

  1. La Constitution de l’Angleterre, liv. V, ch. ix.