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coup de bons exemples à l’Europe ; mais ils ne lui fournissent point aujourd’hui les meilleurs modèles de la famille-souche.

Lorsqu’au XVIe siècle la haute noblesse territoriale de l’Angleterre se rapprocha des petits propriétaires pour résister aux empiètements de la monarchie absolue (§ 12), elle comprit que la coutume suivie par les paysans, touchant l’institution de l’héritier, était, pour toutes les classes, le principal élément de bien-être et de stabilité. Les grands propriétaires voulurent s’assurer les mêmes avantages ils renoncèrent donc au droit d’aînesse pour s’appuyer sur le testament. Malheureusement ils ne purent restaurer les habitudes de communauté et de cohabitation, compromises dans le passé par les droits trop absolus de l’héritier et par le caractère peu sociable de la race. Depuis lors, la séparation des parents et de l’héritier est entrée de plus en plus dans les mœurs : elle est même devenue un des traits dominants de la constitution britannique. Depuis 1836, pendant de longs séjours en Angleterre, j’ai en vain cherché, parmi les grands propriétaires, un seul cas de cohabitation. Souvent j’ai rencontré un père veuf, isolé dans une vaste résidence patrimoniale, tandis que l’héritier, étranger aux idées comme aux travaux de son père, occupait au loin avec sa femme et ses enfants une habitation prise à loyer. Parfois les rapports du