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par le travail et la vertu. Sous les mêmes influences, les générations successives resteraient en général au niveau atteint par le fondateur du foyer, quand elles ne s’élèveraient pas plus haut en joignant à ce foyer quelques nouvelles dépendances.

Comme je l’ai expliqué (§ 13), la réforme est une nécessité moins impérieuse pour la grande propriété ; mais elle amènerait dans ce milieu social des améliorations non moins fécondes pour l’avenir de la nation. Les grands propriétaires pourraient habiter et exploiter leurs domaines, sans être obligés d’adopter les funestes coutumes de la stérilité ou des mariages consanguins. Leurs nombreux rejetons, dotés par l’épargne du père et de l’héritier, rendraient à la métropole et aux colonies l’ascendant qui résulte de la fécondité des races. La famille grandirait elle-même en devenant féconde car elle trouverait toujours parmi ses rejetons un héritier à la hauteur du rôle qui lui est réservé dans la province et l’État.

La restauration de la liberté testamentaire ne donnerait tous ces résultats qu’à l’aide du temps ; mais elle aurait immédiatement des conséquences essentielles au bon ordre de la société. Chez les pauvres, elle soustrairait les vieux parents aux sévices d’enfants dénaturés (§ 6). Chez les riches, elle opposerait un frein aux déréglements de la jeunesse (§ 13).