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Cette malsaine conception des légistes était d’avance condamnée par l’expérience des peuples libres et prospères. Elle vouait définitivement à la destruction les petits propriétaires, qui auraient dû rester, comme ils l’étaient précédemment, les meilleurs soutiens de l’ordre social. Elle confiait la restauration de la société à de nouveaux enrichis, c’est-à-dire à une classe d’où sortent habituellement des générations corrompues. Pour conférer à cette classe la stabilité, elle ne faisait point appel à la liberté testamentaire qui conservait depuis un temps immémorial les familles-souches de la petite propriété elle s’aidait du procédé de contrainte que la féodalité avait employé, et que les grands propriétaires anglais avaient abandonné depuis le XVIe siècle (§ 15), au grand avantage de leurs descendants.

L’événement n’a que trop justifié les prévisions des hommes d’État qui, dès l’origine, signalèrent

    puisque ce ne sont que des fidéicommis, et que ce qui ne sera pas elles, par l’effet du Code civil, va se disséminer. »
    « Établissez le Code civil à Naples ; tout ce qui ne vous est pas attaché va se détruire alors en peu d’années, et ce que vous voulez conserver se consolidera. Voilà le grand avantage du Code civil. Il faut établir le Code civil chez vous ; il consolide votre puissance, puisque, par lui, tout ce qui n’est pas fidéicommis tombe, et qu’il ne reste plus de grandes maisons que celles que vous érigez en fiefs. C’est ce qui m’a fait prêcher un Code civil, et m’a porté à rétablir. (Lettre, du 5 juin 1806, de Napoléon Ier au roi Joseph. — Mémoires du roi Joseph, t. II, p. 275 ; Paris, 1853.)