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tionale ou dans un journal en s’adressant aux ministres : Votre gouvernement c’est l’état de siége à perpétuité. Rien n’est plus vrai. Sans compter cinq départements de l’Est qui jouissent encore de cette paternelle administration, la France n’est-elle pas tenue en suspicion, en prévention par les ministres, par les préfets, par les procureurs et par les gendarmes. La gendarmerie, grâce à M. d’Hautpoul, deviendra la milice d’une nouvelle sainte inquisition. Les maires seront valets des préfets et les juge-de-paix mouchards des procureurs. Voyez les circulaires de certains préfets et procureurs, publiées tout récemment. Les journaux sont traqués comme bêtes fauves ; le Censeur de Lyon est supprimé parce qu’il ne croit pas y l’infaillibilité du pape, les vendeurs et distributeurs d’écrits sont arrêtés comme empoisonneurs publics ; les almanachs sont poursuivis et brûlés par la main du… gendarme ; les chansons sont interdites. Nous sera-t-il bientôt défendu de rire ? Vous le voyez, la guerre est déclaré partout et à tout, aux instituteurs, aux journaux, aux almanachs, aux chansons. Pourriez-vous nous dire, M. le préfet, si du moins nous pouvons chanter Guerre aux tyrans.

Heureusement qu’il y a encore du bon sens dans le peuple. Le jury nous console partout par les nombreux verdicts d’acquittement qu’il a prononcés en faveur de la presse populaire et des idées de progrès, en se moquant de toutes les accusations de complots éclos dans la cervelle d’ambitieux robins.

Ce qui nous rassure et nous console encore, c’est la fusion qui se fait incessamment entre le parti républicain et les socialistes. Il n’y a pas jusqu’à Marrast, ce marquis de joyeuse mémoire, qui ne revendique avec honneur et publiquement ce titre de socialiste si conspué par les factions royalistes. Aussi espérons-nous, lecteurs, que vous passerez bientôt tous dans le parti du désordre.

Nous vous aurions bien parlé d’une certaine conspiration légitimiste dont la police a fait grand bruit pour un moment. Ce n’est qu’un faible épisode de la comédie que nous vous avons racontée. M. Carlier, le grand inquisiteur, sait fort bien que les conspirateurs sont plus haut. Mais il fallait donner le change à l’opinion publique.

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SÉPARATEUR

Les actes de Louis-Napoléon Bonaparte,
du 20 décembre 1848 au 20 décembre 1849.

28 décembre 1848. — Le gouvernement combat la réduction de l’impôt sur le sel, laquelle est votée, contrairement à l’opinion soutenue par M. Passy, ministre des finances.

17 janvier 1849. — Le gouvernement propose de faire juger les accusés du 15 mai par la haute-cour de Bourges.

26 janvier. — Le gouvernement présente un projet de loi contre les clubs.

28 janvier. — Le gouvernement appuie la proposition Rateau, qui a pour objet la dissolution de l’Assemblée constituante.

12 avril. — Expédition de la République française contre la République romaine.

19 mai. — Suppression de l’impôt des boissons, combattue par le gouvernement.

29 mai. — Rappel de M. Ferdinand de Lesseps et ordre de bombarder Rome.

13 juin. — Mise en état de siége de Paris et des onze départements voisins.

15 juin. — Mise en état de siége de Lyon et des cinq départements voisins.

18 juin. — Suspension de plusieurs journaux.

19 juin. — Suspension pendant un an du droit de réunion inscrit dans la Constitution.

11 juillet. — Dissolution de plusieurs légions de la garde nationale de Paris.

27 juillet. — Nouvelle loi contre la liberté de la presse.

9 août. — Loi sur l’état de siége, armant le pouvoir exécutif du droit de suspendre les journaux, et rétablissant les tribunaux exceptionnels, au mépris des termes les plus formels de la Constitution.

25 août. — Rejet de la proposition d’abrogation des lois d’avril 1832, de mai et de juin 1848, présentée par M. Napoléon Bonaparte et combattue par le gouvernement.

29 août. — Maintien de l’état de siége à Lyon et dans les cinq départements voisins.

12 novembre. — Projet de loi rétablissant indirectement la peine de mort en matière politique, sous la forme de la déportation et de la réclusion dans la citadelle de Zaoudzi.

12 novembre. — Circulaire du ministre de la guerre, qui érige les gendarmes en censeurs et place sous leur surveillance les magistrats de qui ils dépendent.

27 novembre. — Loi contre les coalitions pour l’augmentation ou l’abaissement des salaires.

13 décembre. — Projet de loi qui confère aux préfets le droit de révoquer les instituteurs communaux.

20 décembre. — Rétablissement de l’impôt des boissons.

Des rigueurs, et pas une réforme !

Des fautes, et pas une amélioration !

Des dépenses, et pas une économie !

Des paroles, et pas un acte !

Ainsi se résume l’année qui vient de s’écouler entre ces deux dates :

20 décembré 1848.

20 décembre 1849.

Année qui se solde par 1,675 millions de crédits déjà votés, et par un découvert de 290 millions !

(Presse.)

SÉPARATEUR

Paris, 21 décembre 1849.