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les deux bras de seine.

  1. C’est la belle Isle Nostre-Dame,
    Nostre-Dame ! qui l’auroit crû,
    Qu’un si beau bout de terre eust creu
    Dans ce bout de rivière infâme[1] ?
    C’est un tresor en champ moisi,
    Et l’on peut asseurer quasi,
    Supposant du sperme et du crime[2]
    Dans la nayade et les canards[3],
    Que c’est le seul fils légitime,
    Qu’ils ont fait entre deux bastards[4].




  2. Soit dit sans vous en rendre vaine[5],
    C’est assez d’estre dessus vous ;
    On languit ailleurs après nous,
    Faut un peu que je me promeine :
    Gaignons donc sans bruit le Marais[6],
    Et gardons pour là nos bons traits[7] ;
    Car enfin si nous voulions braire[8]
    Sur tout ce qui nous semble fat,
    Le bon Dieu n’auroit rien à faire
    Dans les valons de Josaphat.





    embarras de la confusion de paris.

  3. Mais que d’animaux domestiques,
    Que d’hommes, de chiens et de chats !
    Qu’ils font d’aymables entre-chats[9]
    Au milieu des places publiques !
  1. L’île de Notre-Dame étoit inhabitée, jusqu’à ce qu’on la cédât à l’entrepreneur du Pont-Marie pour les frais du pont, il en vendit les places à bâtir, aux particuliers (de Bl.).
  2. Var. de 1713 : Sans même trop taxer de crime…
  3. Id. 1672 : Dans la nayade et ses boyards. — 1713 : Et la Nayade et ses Boyards.
  4. Var. de 1672 : Qu’ils ont fait entre cent bastards.
  5. Var. de 1672 : L’on dit sans…
  6. Le Marais était, à cette époque, le quartier de l’aristocratie et de la belle compagnie (P. L.).
  7. Var. de 1672 : Et gardons pour lui tous nos traits.
  8. Ce vers est celui du Tabl. Rich.-Maz., 1693 ; 1668 donne : Car enfin si nous voulions croire.
  9. Var. de 1672 : Que l’on voit courir au pourchas.