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et de les connaitre.

grand et excellent cœur : « Oh ! mon cher ami ! s’écria-t-il, prends bien garde, tu remues des cendres encore bien chaudes, que les larmes n’ont pas encore entièrement noyées. C’est égal, toutes mes passions, toutes mes affections ont été pour moi des sources de souffrances. Seule, la passion des livres, — car, j’en suis possédé de plus en plus, grâce à toi, — ne m’a procuré que des satisfactions et des consolations. Aussi tu vois que je m’y suis consacré d’une façon assez sérieuse. J’ai trop souffert, comme tu le sais, pour songer désormais à me marier ; restant seul ainsi, je pourrai employer une partie de ma fortune à acheter des livres. Puisque mon plus grand plaisir maintenant est de lire, je veux donner à mes nouveaux et mes plus stables amis une large place dans ma demeure. »

Chaque fois que je le rencontre, ce cher Gustave, il me parle chaleureusement de ses lectures et de sa bibliothèque ; il cite encore avec mélancolie des noms chers autrefois, mais il ne paraît plus disposé à mourir.

Ma lettre d’aujourd’hui ne vous aura pas égayé, mon ami, mais elle vous aura prouvé que l’amour des livres et de la lecture n’est pas un sentiment ou un goût vulgaire, et qu’on peut souvent y trouver de sérieuses consolations. Un grand bibliophile, Pixerécourt, avait fait imprimer cette maxime dans