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l’art d’aimer les livres

Que chaque feuillet du livre éternel
Nous compte des jours passés en prière.
Puisqu’il faut laisser le corps à la terre,
Que l’âme ait les yeux ouverts sur le ciel !

Ces vers, écrits par un jeune poète, Léon Séché, sur un exemplaire d’Évangeline, de Longfellow, étaient si bien de circonstance, que j’avais cru ne pouvoir trouver mieux, pour appuyer le conseil que je voulais donner à mon triste ami, de tâcher de lire pour se distraire. Il me demanda, en effet, de les lui répéter deux fois, et ensuite il me promit d’en lire lui-même un certain nombre d’autres tous les jours.

Il dut tenir sa parole, car, peu de temps après, il me priait de lui prêter de nouveaux volumes, poésie et prose, me disant qu’il voulait lire beaucoup.

Bien plus, au bout de quelques semaines, il se décida à acheter un bon nombre de livres, que je lui aidai à choisir, et peu à peu, en continuant ses acquisitions, il est arrivé à posséder une des bibliothèques les plus intéressantes (cela ne veut pas dire les plus chères ni les plus volumineuses) que l’on puisse trouver.

Il y a quelque temps, je m’étais hasardé à lui parler un peu de ses chagrins, j’avais même fait une allusion amicale à ses anciennes amours, tout en ménageant délicatement la susceptibilité de ce