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Cette lettre est grotesque : ce n’est pas seulement un chef-d’œuvre de pathos, c’est un monument d’outrecuidance. Pour tout dire, l’amère Michel fait de la pose. Elle se plaît à Nouméa et désire y rester, mais elle ne perd pas de vue pour cela la galerie ; elle se croit une héroïne et tient à conserver son prétendu prestige vis-à-vis des pétroleurs de France.

De plus, l’amère Michel est bien amère pour Mme Céleste Hardouin. Les dévouements à six mille lieues de distance sont rares, et celui de Mme Hardouin n’était point à dédaigner. L’amère Michel en fait fi avec une hauteur de fort mauvais goût. Ce que Mme Hardouin a de mieux à faire, c’est de laisser cette poseuse de Louise Michel où elle est.

Voici maintenant une autre lettre de l’amère Michel qui donne la preuve que la célèbre pétroleuse tient absolument à rester à Nouméa.

Cette lettre est adressée à M. le président de la République.

À Monsieur le président de la République,
Nouméa, 25 juillet 1879.

Monsieur le président de la République,

Veuillez considérer comme nulles toutes les démarches outrageantes pour mon honneur qu’on se permet de faire en mon nom, grâce au silence que font six mille lieues autour de moi.

Je désavoue hautement, non-seulement la démarche de Mme Céleste Hardouin, mais encore toutes celles que pourraient bien faire ou auraient faites en mon nom des gens mal inspirés.

Je ne comprends d’autre retour en France que celui qui ramènerait toute la déportation et toute la transportation de la Commune, et n’en accepterai jamais d’autre.

Recevez, monsieur le président, l’assurance de mon respect.

LOUISE MICHEL.

L’amère Michel est à mettre à la Salpétrière avec une camisole de force. Bête et poseuse, telle est cette virago. Elle n’a que ce qu’elle mérite.

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