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FLEUR DU CLOITRE


stances mystiques à une jeune novice

Ecce dilecta mea !… manibus date lilia plenis !…
cantique des cantiques.
« Voici ma bien aimée !… au loin, sur les chemins,
« Devant elle effeuillez les lis à pleines mains !… »

Le dernier bruit du jour expire
Au tintement de l'Angelus ;
À l’ombre des rameaux touffus,
L’oiseau dans son nid se retire.
Tout se calme, l’on n’entend plus
Murmurer que l’onde et les feuilles…
Et c’est l’heure où tu te recueilles,
Ô chaste épouse de Jésus !

Tu te recueilles, car c’est l’heure
De la prière et de l’amour,
Et de l’extase intérieure
Après tes saints labeurs du jour ;
C’est l’heure où ton époux, qui t’aime,
Chaque soir vient te visiter… —
En silence, et pour l’écouter,
Ton cœur se replie en lui-même.

Moment de joie et de bonheur !… —
Il vient ; — tu le sens : — il se penche
Pour baiser ta couronne blanche
Faite des lys de ta pudeur…
Son souffle féconde ton âme,
Et des anges harmonieux
Chantent tout bas l’épithalame
De cet hymen mystérieux :

« Salut à l’épouse sans tache
« Pure comme le diamant,
« Qui, pour plaire au céleste amant,
« À l’ombre des autels se cache !
« Salut ! — La palme des déserts
« S’arrondit en dais sur sa couche !
« Salut ! — L’haleine de sa bouche
« S’exhale en parfum dans les airs !… »