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Enfant du doux plaiſir & l’ornement de Flore,
Rendez le calme à vos eſprits,

Le printemps de Thiton va revenir encore,
Je le fais immortel, mais ſachez à quel prix,
Le deſtin a parlé, telle eſt la Loi ſévere :
Déeſſe, chaque fois que Tithon obtiendra
De votre amour la preuve la plus chere,
D’un luſtre tout d’un coup cet amant vieillira ;
Ainſi de luſtre en luſtre abrégeant ſa carrière,
Sa jeuneſſe s’éclipſera.

Thiton eſt immortel, grand Dieu je vous rends grace,
S’écria-t-elle, embraſſant ſes genoux,
Ce que j’aime vivra, mon ſort eſt aſſez doux,
Elle dit, & des airs ſon char franchit l’eſpace,
Son cœur cède au Deſtin, non ſans quelques regrets.
Quoi ! d’éternels refus vont être déſormais,
De l’amour que je ſens le plus fidéle gage,
Tu dois, mon cher Tithon, m’en aimer davantage,
Tes beaux jours ſeront mes bienfaits,
Je ſçaurai malgré toi commencer mon ouvrage ;
Elle le croit ainſi : Je ne ſçai quel préſage
Me fait trembler pour le ſuccès.

Ô vous dont les crayons voluptueux & ſages