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Mais autant que j’aime la belle,
Autant je hais d’être cocu

De Cailly.

CHANSON.


Au fonds d’une grotte obſcure,
Un jour le tendre Tircis,
Sur les peines qu’il endure,
Se plaignoit à ſon Iris :
Dans l’ardeur qui l’encourage,
Il diſoit cette Chanſon :
C’eſt trop ſi c’eſt badinage,
Trop peu ſi c’eſt tout de bon.

Quelquefois d’un regard tendre
Qui s’accorde avec le mien,
À mon cœur tu fais entendre
Que je ſçais toucher le tien ;
Mais malgré ce doux langage
Ta bouche me dit que non :
C’eſt trop ſi c’eſt badinage,
Trop peu ſi c’eſt tout de bon.

Sur ta bouche à demi cloſe,
Quoique voyant mon deſſein,
Tu ne laiſſe d’une roſe
Faite un amoureux larcin ;