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Vient l’accoſter, lui fait cette leçon,
Tandis qu’ici l’on rit, l’on cabriolle,
Être ainſi triſte, à vous n’eſt pas fort beau,
Chacun s’en mocque, allons belle Iſabeau,
Venez danſer, ſouffrez que je vous mene,
Là, votre main… Non, ce n’eſt pas la peine,
Dit Iſabeau, Monſieur, laiſſez ma main,
Bien grand merci, pourtant ne croyez mie
Que tel refus provienne de dédain :
Car de danſer j’aurois très-grande envie,
Mais on m’a dit que quand je danſerois,
Mon pucelage auſſi-tôt je perdrois ;
Qu’il tomberont devant les gens : Eh ! Dame,
Maman après me chanteroit ſa gamme,
Bien la connois, elle m’affolleroit.
Ah ! dit Damon, qui ſous cape rioit,
Je vois ce que c’eſt, or qu’à ce point ne tienne
Que ne preniez votre part de plaiſir,
Dans ce moment tout à votre loiſir
Pourrez danſer, ſans crainte qu’il advienne
Ce qui ſi fort me ſemblez redouter.
Il faut ſans plus à votre pucelage,
Trois points d’aiguille, & vais ſans différer
Si le voulez, vaquer à cet ouvrage :
Je ne ferois, pour tout autre que vous,
Beſogne telle : or ça dépêchons-nous,
Puis danſerons après tout à notre aiſe.