À ces mots elle fit couler des pleurs de rage,
Quand ſa mere ſurvint, & lui dit : pleures-tu
Du mal que ton époux, dans une ardeur trop vive,
T’a fait en dégageant la volupté captive
De l’étroite priſon où la mit ta vertu ?
Ah ! non ma mere, non : c’eſt un mal que j’ignore,
Mes pleurs ont un motif plus noble & plus puiſſant,
C’eſt que je tiens de vous un mari que j’abhorre,
En un mot il eſt impuiſſant.
À ce terrible mot, la douleur, la colere,
Dans le cœur de la tendre mere
Se ſuccedent tour à tour,
Et bientôt de ſon cœur parvinrent ſur ſa bouche.
De ce funeſte hymen elle maudit le jour,
La rage ſur le front, & le regard farouche,
Elle inſultoit dans ſon courroux
Le Deſtin, elle-même, & plus encor l’époux ;
Lorſqu’à ſes yeux parut, ſortant de l’Audience,
Le Robin, glorieux d’avoir en conſcience
Fait le devoir du Sacrement,
Et ne ſe doutant nullement
D’être coupable d’impuiſſance ;
Ah ! Traître, lui dit-elle, oſes-tu voir le jour
Qui ſuit la nuit qui t’humilie ?
Va cacher dans les bois ton inutile amour,
Ta foibleſſe & ton infamie.
Hélas ! ta phiſionomie
Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/13
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