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II

SUR LA PLAGE


La laine des moutons sinistres de la mer.
Victor Hugo.


La pleine mer moutonne au loin sur les brisants.
Dans les rocs qu’ont usés les flots et les jusants,
La lame écume et bout au pied de la falaise ;
Et, debout dans le vent, la jeune Granvillaise,
Un bras devant les yeux, regarde à l’horizon,
Car l’équinoxe approche et voici la saison
Où la côte normande a le plus de naufrages ;
Et les gens sont au large, et, par ce temps d’orages,
Le brave matelot auquel elle a permis
De l’embrasser un soir de printemps, son promis,
Est parti, ruisselant sous sa cape cirée,
Pour pêcher le hareng, dans un chasse-marée.
Et pas un seul bateau n’est encor revenu !

Anxieuse, elle attend, le roc sous son pied nu,