Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ÉMILE BLÉMONT
————

LA CHANSON DE MARTHE


Je dis pour les cœurs ingénus
La chanson de Marthe aux pieds nus.


I


Marthe dès l’aube a quitté son aïeule ;
Marthe aux pieds nus est au bois toute seule.

Les ailes vont le dire aux fleurs,
Le matin bleu rit sous les pleurs.

Le fils du roi, sans meute et sans cortége,
Suit la ravine où l’acacia neige.

Ailes et fleurs sont en émoi :
Marthe est devant le fils du roi.

« Etes-vous fée, ou sainte ayant chapelle ?
— Non, monseigneur, c’est Marthe qu’on m’appelle. »