Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Grandissant… comme on voit, sur une mer bien lisse,
Que du bout de son aile une mouette plisse,
Autour du point troublé les rides s’élargir.

Les plaines, les forêts, les fleuves se déroulent,
Les monts humiliés en s’allongeant s’écroulent.
Le cœur semble se faire, à la merci des cieux,
Un berceau du péril dont pourtant il frissonne,
Et regarde sombrer tout ce qui l’emprisonne
Avec un abandon grave et délicieux…

Ils montent, épiant l’échelle où se mesure
L’audace du voyage au déclin du mercure,
Par la fuite du lest au ciel précipités ;
Et cette cendre éparse, un moment radieuse,
Retourne se mêler à la poudre odieuse
De nos chemins étroits que leurs pieds ont quittés.

Depuis que la pensée, affranchissant la brute,
A découvert l’essor dans les lois de la chute,
Et su déraciner les pieds humains du sol,
L’homme a hanté des airs que nul oiseau n’explore,
Mais il n’avait jamais osé donner encore
Une aussi téméraire envergure à son vol !

Pourtant ils n’ont pas peur. La vérité suscite
Au plus timide front que son amour visite
Une sereine audace à l’épreuve de tout ;