Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/363

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Parmi les noirs débris qui jonchent vos pensées,
Comme le dieu debout dans le temple abattu,
La femme, ange couvert de ses ailes baissées,
Se dresse dans le calme éclat de la vertu.

N’ayant jamais franchi le seuil des sanctuaires,
Vous avez conservé la foi des charbonniers,
Et vos cœurs, assoupis dans leurs jaunes suaires,
Sur l’autel de l’amour saigneront les derniers.

Vous marchez à l’écart, loin des routes suivies
Par l’odieux troupeau des peuples enivrés,
Cachant avec orgueil vos faims inassouvies,
Et l’éternelle soif de vos cœurs altérés.

Et moi je vous envie, ô rêveurs solitaires !
Insensés que torture un désir immortel
D’ouvrir le tabernacle où dorment les mystères,
Et qui mourrez un soir au pied de votre autel.

Sans savoir que vos dieux n’étaient que des chimères