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Et détourner les cœurs des regrets pénitents ! »
Mais, sans me regarder, il répondit « — J’attends !

— « Va ! tu n’attendras pas longtemps ! » et, j’eus l’envie
D’arracher à ce vieux le reste de sa vie ;
Et, déjà, je visais l’endroit où le frapper,
Mais j’arrêtai ma main, inquiet d’usurper
Sur les desseins de Dieu qui, sans doute, n’oublie
Cet homme, et ne le fait durer dans la folie,
Qu’afin de se payer, selon son équité,
Du mal que ce méchant vieillard a suscité ;
Et, pour ce, ne veut pas que la Mort le délivre
Des tourments qu’il endure au châtiment de vivre !

Puis, étendant la main, il cria :
Puis, étendant la main, il cria : — Dieu puissant !
Il pleut du sang ! Il pleut du sang ! Il pleut du sang !
Oh ! le pauvre homme a froid sous cette horrible pluie !
Sans vêtement, n’ayant personne qui l’essuie
De ce sang, qui s’englue à ses vieux cheveux blancs,
Et se colle, en caillots, à ses membres tremblants !…
O Pécheur ! que ton pied est lourd sur cette terre !
Dieu qui, du haut azur, te regarde en colère
Tient celui-là pour bon serviteur, très prudent,
Qui marcha, les pieds nus, vers le buisson ardent.
Et, pour ses pieds ferrés, le reître est anathème !
— Car la Terre est divine et très-sainte : Dieu l’aime
Pour tous les os des siens, qui pourrissent dedans,
Et s’apprêtent au Jour de la Gloire, abondants