Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/350

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D’un bon gîte bien sûr, qu’un mur solide enferme,
Plein de rire, de vin, de femmes et de chant ;
Nous fîmes halte alors, vers le soir, au penchant
De l’âpre escarpement d’un roc qui se ruine
— Au bas — en une crau resserrée, où l’Ondine
Du Lez, sous la rumeur vague des joncs fléchis,
Froisse, sur ses galets limpides et blanchis,
Le remous de son eau vigoureuse et sereine.
Là, dit-on, fut jadis une ville Romaine,
Rocaille maintenant, où se tord l’olivier ;
Nous y tînmes conseil pendant un jour entier,
Aguettés par les gars de Castelnau, village
Assez gros, dont plus d’un convoitait le pillage :
Mais, ceux de Montpellier nous serrant de trop près,
Nous levâmes le camp la nuit, en gens discrets,
Décidés à tenter un peu plus loin fortune.
Lors, remontant le Lez, sombre et clair sous la lune,
Qui luisait, puissamment claire comme un acier,
Ma bande, à pas sournois côtoyant Montferrier,
— Brusque et blanc, que la nuit blanche, qui nous abuse
Escarpe encor plus âpre en sa lueur diffuse,
Ondoyante en vapeurs humides dans le bas, —
S’arouta pour gravir au caume de Roubas,
Puis, laissant Saint-Gély-du-Fesc, à notre droite,
Nous entrâmes au bois de Valène.
Nous entrâmes au bois de Valène. O benoîte
Sainte Vierge ! C’était là que vous réserviez
La fin de leur exode à vos bons Soudoyers,
Qui ne furent de rien ménagers, ni de peines,