Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(Non sangliers mais porcs qui grognent contre Dieu)
N’est-ce notre devoir de les passer au feu,
Pour faire de leur sang ripaille au Populaire ?
Jésus tient leur martyre aimable à sa colère ;
Car si le sang de ses aimés, versé pour lui,
Est un exquis encens dont il est esjoui,
Mieux encore, le sang des Races Philistines
Doit-il d’un encens cher caresser ses narines !

Et c’est pourquoi j’attends, sans un cœur étonné,
Le Jugement, par qui je serai pardonné :
Mais, pour que Dieu ne mette en oubli mon grand zèle
A laver mes péchés au sang de l’Infidèle ;
Et pour que ma vieillesse, inhabile aujourd’hui
A tous les bons combats que j’ai tentés pour lui,
Se rajeunisse un peu dans ma vigueur ancienne ;
Et pour qu’aussi le siècle à venir se souvienne
Du métier où, jadis si fier et si puissant,
J’ai sué pour mon Dieu le meilleur de mon sang,
Je veux, comme l’a fait plus d’un grand Capitaine,
Raconter, comme il sied, l’aventure hautaine
De nos cimiers, luisant parmi les tourbillons
Fauves des bataillons mêlés aux bataillons ;
L’armure que la fleur rouge du sang décore ;
Et nos félines paix, plus farouches encore
Que la guerre pompeuse et pleine de grands bruits ;
Je dirai le baiser insidieux des Nuits
Amoureuses, blessant à mort mieux que l’épée ;
Et l’Hérésie, enfin câlinement trompée