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— Oui, quand par son éclat quelqu’un vous importune,
Il est un moyen sûr et qui n’est jamais vieux ;
Avec quelque grand dogme on fait cause commune,
Et l’on sert à loisir sa piteuse rancune
En ayant l’air partout de défendre les dieux.

Ils foulent par exemple une tombe fleurie,
Mais c’est au nom du ciel, au nom du genre humain,
Que sais-je encore ? au nom de la mère patrie,
« Que le poëte ingrat n’a pas assez chérie,
Lorsque pâle et sanglante elle tendait la main. »

Or, vous qui l’avez lu, vous savez s’il l’adore
Cette terre de France, et s’il s’en fait honneur.
Rien que de la nommer sa strophe se colore,
Et son vers frémissant comme l’airain sonore
Tremble tout aussitôt des élans de son cœur.

Ils ont donc oublié cette chanson guerrière
Qui jadis du vieux Rhin dispersa les échos,
Alors que, révolté par une insulte amère,
Le généreux enfant se lève pour sa mère,
Et du fleuve insolent va fustiger les flots.

En quelques mots sanglants sa colère s’épanche,
Mais il reste Français dans son ressentiment ;
Rire d’un méchant vin lui semble une revanche,
Il provoque, il triomphe, — et de son arme blanche,
Après un coup terrible il porte un coup charmant.