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Des coins les plus divers cette attaque est partie ;
Mais que l’on soit sournois, que l’on soit furieux,
Qu’on sorte d’une école ou d’une sacristie,
C’est partout et toujours la même antipathie
Que la divine grâce inspire aux envieux.

C’est la même éloquence avec les mêmes poses,
C’est pour d’autres motifs la même austérité,
C’est toujours le tuteur de quelques grandes choses
Qui ramasse un pavé pour écraser des roses,
Et qui répond croyance à qui parle beauté.

Et, qu’on le sache bien, pas un n’a pour excuse
Une œuvre, belle ou non, mais qui sorte de lui ;
Chacun a sa doctrine et pas un n’a de muse,
Hélas ! et c’est ainsi que leur carrière s’use
A marcher sur les fleurs dans les jardins d’autrui.

O bijou merveilleux, fuseau de Barberine,
Des bouviers sous leurs pas te trouvent un matin,
Et sans rien entrevoir de ta noble origine,
Ils veulent enrouler sur ta tige divine
Les épaisses toisons qui leur donnent du pain !

Mais toi, galant joyau, toi que la châtelaine
Emportait dans sa tour pour filer de l’or fin,
Tu n’as pas pu servir pour le chanvre ou la laine,
Et les rustres alors, aveuglés par la haine,
T’ont jeté sans vergogne aux cailloux du chemin.