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Ce frêle bouton, qui penche tout pâle,
C’est le froid cruel qui le tient fermé ;
Sous son blanc pétale irisé d’opale
On sent palpiter un sein embaumé.

Comme il fleurirait sans la rude bise,
Comme il sourirait au beau ciel vermeil,
Comme il épandrait sa senteur exquise,
Comme il montrerait son cœur au soleil !

C’est ainsi qu’est fait le cœur du poëte,
Il ne peut s’ouvrir au souffle glacé ;
Mais qu’un doux regard d’azur le revête
Et dans le bonheur le tienne enlacé :

Comme il brise, alors, tout ce qui l’oppresse,
Comme il fait jaillir des chants infinis,
Comme il nage libre en des flots d’ivresse
Et comme il s’épanche en accents bénis !





SURSUM CORDA


Le ciel est pâle, et la rosée
Jaillit partout, perle posée
A la pointe du gazon vert.