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LE CHAPEAU


Ne me reprochez pas, Mesdames, d’être épris
Du chapeau printanier qu’on porte cette année ;
Car je l’ai vu posé sur des cheveux chéris
Et la tête que j’aime en est gaîment ornée.

La tresse de bluets et de coquelicots,
Qui retombe et se mêle avec la chevelure,
Enguirlande si bien de ses tours inégaux
La paille qui se gonfle en molle bosselure.

Pour laisser le cou libre et montrer sa blancheur,
Les larges rubans noirs sont noués en arrière,
Et sous le clair chapeau, d’une agreste fraîcheur,
Tout le visage alors sourit dans la lumière.

Ma brune Bien-Aimée en est plus brune encor.
Je la vois mieux ainsi, sans jalouse voilette,
Et le rouge et le bleu, la paille couleur d’or
Rompent le demi-deuil de la sombre toilette.