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La grande nature me livre
Quelques mots de son grand secret.

Chaque être que mon esprit nomme
Me montre la grandeur de Dieu
Et je comprends mieux en ce lieu
La vanité folle de l’homme.





SOIR D’ÉTÉ


Le soir, lorsque le vent qui souffle des prairies
Emporte les parfums des luzernes fleuries,
L’odeur des chênes verts et les senteurs des blés,
Les cœurs les plus prudents se sont sentis troublés ;
L’invincible besoin d’aimer qui nous tourmente
Fait que les moins hardis désirent une amante ;
Les corps tremblent, saisis de troubles inconnus.
Les femmes qui des champs reviennent les bras nus
Sentent leurs mouvements suivis d’un œil avide ;
Le jeune homme rougit et la vierge timide
Sent son cœur défaillir et ses sens embrasés :
Les songes de la nuit seront pleins de baisers.