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C’est là que l’oiseleur cupide,
Le guettant dans l’obscurité,
Ferma sur lui sa main rapide
Et lui ravit la liberté.

Dès lors il subit l’esclavage…
Un marin, chez nous étranger,
L’emmena du natal rivage
Sur mer avec lui voyager.

C’est ainsi qu’il connut la France.
Quand il y vint, le jeune Été
Vêtu d’azur et d’espérance
Resplendissait dans sa beauté.

Partout, sur les monts, dans la plaine,
Brillait un ciel oriental :
L’exilé de l’île africaine
Se crut sous un climat natal.

Mais vint l’automne aux froides brumes,
La neige au loin blanchissant l’air ;
Il sentit courir sous ses plumes
Les âpres frissons de l’hiver.

Rêvant à l’île maternelle,
Aux nuits tièdes comme les jours,
Il mit sa tête sous son aile,
Et s’endormit, et pour toujours !