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Et ces fleurs avaient comme un parfum de souffrance ;
Elles semblaient narrer un bonheur écroulé,
La main qui les cueillit en ayant exilé
Tout emblème d’amour heureux ou d’espérance ;

Elles semblaient, dernier présent de quelque amant,
Juste à l’heure où la vierge allait devenir femme,
Être la plainte triste et navrante d’une âme
Qui seule avait gardé la foi d’un doux serment.

Alors, se souvenant, la blonde fiancée,
Rêveuse, contempla le bouquet, puis le prit,
Et, comme un vieux refrain, surgit dans son esprit
Le roman oublié de la saison passée.

Et, quand pour respirer le parfum de ces fleurs
Elle approcha sa bouche infidèle et rosée,
En croyant effleurer des gouttes de rosée,
Sans pleurer elle apprit le goût amer des pleurs.


II


Au temps de notre amour, par les beaux soirs d’été,
Par les soirs embaumés, pleins d’ineffables charmes,
Un étrange désir m’a souvent tourmenté ;
C’était de voir tes yeux profonds s’emplir de larmes.