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Ouvrez la porte auguste aux deux battants d’airain,
Femmes ; je veux parler au Maître souverain.


Elle s’agenouille sur les degrés du temple.


A ta face, ô Seigneur, et dans tes sanctuaires
Le juste vient chercher les vrais électuaires.
Au seuil de ta maison, sous tes sept lampes d’or,
Je t’implore à genoux pour que je vive encor
Et qu’il me soit donné d’achever sur la terre,
Dans le jeûne et l’exil, ma tâche salutaire.
Si tu reçus le vœu de l’antique Jephté,
Ton fils exaucera mon vœu dans sa bonté.
Je ne lui promets pas de sanglante victime.
Tu recevras, ô Christ, mon holocauste intime.
Je jure sur le Livre inspiré par l’Esprit,
Je jure devant toi sur le quadruple écrit
De l’Aigle, du Taureau, du Lion et de l’Ange
De t’offrir une épouse agréable en échange
De ma force rendue et de ma guérison.
Christ ! je prendrai pour toi l’épouse en ma maison.
Que je vive ! et l’enfant que tu m’avais donnée,
Daphné, ma fille heureuse, à l’autel amenée,
Pour que soit accompli le plus sacré des vœux,
Recevant ton anneau, coupant ses longs cheveux,
S’offrira toute à toi, sans qu’un fils de la femme
Ait pour elle chanté l’impur épithalame.

DAPHNÉ.

O ma mère !