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Le peuple vain des morts par les champs de la nuit.
Aime et réjouis-toi de vivre, chère tête.
Dans le port l’ancre hésite et la voile s’apprête.
Laisse-moi d’un baiser effleurer tes cheveux.

DAPHNÉ.

Tu le prendras un jour ce baiser que tu veux.

HIPPIAS.

Cueillons l’instant fleuri.

DAPHNÉ.

Cueillons l’instant fleuri. Sachons attendre l’heure.

HIPPIAS.

Un souvenir est bon.

DAPHNÉ.

Un souvenir est bon. L’espérance est meilleure.

HIPPIAS.

L’air, les myrtes, tes yeux, tout m’enchaîne, et je pars !

DAPHNÉ.

Va ! nous avons choisi la meilleure des parts.
Sois heureux !

HIPPIAS.

Sois heureux ! Tu souris, et la livide crainte
Sur ton sourire, ô vierge, est tristement empreinte.
Tu redoutes pour moi l’avenir hasardeux.

DAPHNÉ, en pleurant.

Ah ! je songe à la mer et je songe à nous deux !