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N’appesantissent plus ma nasse et mon filet
D’où jadis une proie abondante roulait,
Espoir d’un riche gain, dans ma barque joyeuse.
Les Dieux n’assistent plus ma vie industrieuse.
Et voici que, ce-jour, en vidant mes paniers,
Les femmes de Corinthe avec leurs cuisiniers
N’ont sur mon étal nu laissé que treize oboles,
Car la femme est avide et fertile en paroles.
Les hommes sont mauvais, cet âge est dur ; les Dieux
Ont quitté sans retour un peuple injurieux.



SCÈNE II.

LE PÊCHEUR, HIPPIAS.


HIPPIAS.

Il est coiffé d’un chapeau thessalien ; sa tunique grise est ceinte aux reins, ses chaussures hautes sont nouées à la cheville par des courroies de cuir. Il tient un bâton blanc à la main ; sa démarche est rapide.

Salut, verger, maison, chambre où, filant la laine,
Pour moi fleurit la vierge à la divine haleine !
Pêcheur (car tes paniers de jonc luisent couverts
D’une écume marine et de goëmons verts),
Tu ne l’ignores pas : cette maison est celle
Du vieil Hermas. Vit-il ?

LE PÊCHEUR.

Du vieil Hermas. Vit-il ? Il vit, mon fils, et scelle
Dans des vases de terre antique un vin récent.