Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Oui, le sommeil est doux et la chaleur est lourde,
Mais le lièvre est au gîte — et tu marches sans bruit…
Ton fusil ! Le genièvre est déjà dans la gourde…
Et la crosse au soleil, qui la chauffe, reluit !

Les métayers ont fait hier lever une bande
De cailleteaux dodus, en coupant le maïs :
Nous les retrouverons sur le bord de la lande.
Alerte, compagnon, et battons le pays !

Lorsque nous aurons bien fouillé mont et vallée,
Quand Phanor haletant n’aura plus de jarret,
Que sa langue pendra de sa gueule essoufflée
Et qu’il hésitera pour tomber à l’arrêt,

Je sais là-bas, à l’ombre, une fontaine fraîche
Qui sort en frissonnant d’un bouquet de cresson :
Tu désaltéreras — d’un trait — ta gorge sèche,
Et puis Phanor et moi nous te ferons raison.

La source, un peu plus loin, s’épanouit en flaque.
Là viennent, jupe au vent et cheveux en fouillis,
Les laveuses d’Aza dont le battoir qui claque
Fait sauter, par moments, l’écho dans les taillis !

Dans la mare Phanor s’abattant ventre à terre
Les éclaboussera d’un flot — mal à propos ;
Elles crîront bien fort ! Et, pour les faire taire,
Nous, nous embrasserons les belles en sabots.