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SÉRÉNADE
La coupe où sans regret tu versas l’affreux vin
Reste la coupe d’or d’un échanson divin !
La nuit qui scintillait quand nous nous séparâmes
Reste l’ombre étoilée où montaient nos deux âmes !
La fleur qui mourra loin de tes profonds cheveux
Reste l’œillet béni qui servait les aveux !
Le vent qui passe et prend le baiser qu’on oublie
Reste le messager du serment qui nous lie !
L’oiseau mélodieux que tu n’écoutes plus
Reste le rossignol des jours où je te plus !
L’heure qui vainement sonne dans ma détresse
Reste l’heure sacrée où venait la maîtresse !
Le parfum voyageur dont ton sein m’a sevré
Reste l’errant désir que partout je suivrai !
Le socle où je dressais ta statue infidèle
Reste le piédestal d’une image immortelle !