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D’un corset rude, ouvert d’une large échancrure,
Le cou ferme se dresse, & pour fière parure
Une flèche d’argent traverse les cheveux
Lourds & lisses, d’un noir intense aux reflets bleus.
Un long clinquant de cuivre étincelle à l’oreille,
Et la voûte de l’œil, pleine d’ombre, est pareille
À ces vallons brumeux où miroite un lac noir.
Et ces fortes beautés sont splendides à voir
Quand toutes, au soleil, le long des grandes pentes,
Par groupes se croisant, vont superbes & lentes.

Rome, décembre 1866.




LA PLACE NAVONE


Nous aimons à rôder sur la place Navone.
Ah ! le pied n’y bat point l’asphalte monotone,
Mais un rude pavé, houleux comme une mer.
Des maraîchers y font leurs tentes tout l’hiver,
Et les enfants, l’été, s’ébattent dans l’eau bleue,
Sous le triton qui tient un dauphin par la queue.
Au beau milieu surgit un chaos où l’on voit
Dans un antre de pierre un gros lion qui boit,
Près d’un palmier, parmi des floraisons marines ;
Un cheval qui s’élance en ouvrant les narines ;