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Des voix chères dorment en elles,
Et dans les rideaux des grands lits
Un souffle d’âmes paternelles
Remue encor les anciens plis.

J’aime les âtres noirs de suie
D’où l’on entend bruire en l’air
Les hirondelles ou la pluie
Avec le printemps ou l’hiver ;

Les escaliers que le pied monte
Par des degrés larges & bas
Dont il connaît si bien le compte,
Les ayant creusés de ses pas ;

Le toit dont fléchissent les pentes,
Le grenier aux ais vermoulus
Qui fait rêver sous ses charpentes
À des forêts qui ne sont plus.

J’aime surtout, dans la grand’salle
Où la famille a son foyer,
La poutre unique, transversale,
Portant le logis tout entier.

Immobile & laborieuse,
Elle soutient comme autrefois
La race inquiète & rieuse
Qui se fie encore à son bois.