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Tu diras, admirant ces trésors imprévus :
« Quels sont donc ces beaux fruits, que je n’avais pas vus ? »
Et l’Amour te dira doucement à l’oreille,
Te voyant contempler cette terre vermeille :
« Si ces fruits d’or si beaux ne pendaient pas jadis,
Si tu ne sentais pas ces fleurs du paradis,
S’il faisait nuit là même où tu vois la lumière,
Si des cailloux blessaient, dans ta course première,
Tes pieds si délicats & retardaient tes pas,
C’est qu’alors, pauvre enfant, hélas ! tu n’aimais pas ;
C’est que ton âme au vice était tout asservie,
Car le vice est la mort & l’amour est la vie ! »