Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




VIII

BALLADE

POUR LA SERVANTE DU CABARET


Ami, partez sans moi ; l’Amour vous suit
Pour faire fête à votre belle hôtesse.
Vous dites donc qu’on aura cette nuit
Souper au vin du Rhin, grande liesse
Et cotillon, chez une poëtesse.
Que j’aime mieux dans les quartiers lointains,
Au grand soleil ouvert tous les matins,
Ce cabaret flamboyant de Montrouge
Où la servante a des yeux libertins !
Vive Margot avec sa jupe rouge !

On peut trouver là-bas, si l’on séduit
Quelque farouche & svelte enchanteresse,
Un doux baiser, pris & donné sans bruit,
Même, au besoin, un soupçon de caresse ;
Mais, voyez-vous, Margot est ma déesse.
J’ai tant chéri ses regards enfantins,
Et les boutons de rose si mutins
Qu’on voit fleurir dans son corset qui bouge !
Sa lèvre est folle & ses cheveux châtains :
Vive Margot avec sa jupe rouge !