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Un saint Michel d’argent terrassant le dragon.
Sa main ferme retient ce fameux cheval pie
Qui s’illustra depuis sous Carbajal l’impie :
Cet andalous de race arabe, & mal dompté,
Qui mâche en se cabrant son mors ensanglanté
Et de son dur sabot fait jaillir l’étincelle,
Peut dépasser, ayant son cavalier en selle,
Le trait le plus vibrant que saurait décocher
Du nerf le mieux tendu le plus vaillant archer.

À l’entour de l’enseigne en bon ordre se groupe,
Poudroyant au soleil, tout le gros de la troupe :
C’est Juan de la Torre, Cristofal Peralta,
Dont la devise est fière : Ad summum per alta ;
Le borgne Domingo de Serra-Luce, Alonze
De Molina, très-brun sous son casque de bronze,
Et François de Cuellar, gentilhomme andalous,
Qui chassait les Indiens comme on force des loups,
Et Mena qui, parmi les seigneurs de Valence,
Était en haut renom pour manier la lance.
Ils s’alignent, réglant le pas de leurs chevaux
D’après le train suivi par leurs deux chefs rivaux :
Del Barco qui, fameux chercheur de terres neuves,
Avec Orellana descendit les grands fleuves,
Et Juan de Salcedo qui, fils d’un noble sang,
Quoique sans barbe encor, galope au premier rang.

Derrière, tout marris de marcher sur leurs pieds,
Viennent les démontés & les estropiés.