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Et poussé plus au sud du monde occidental.

La côte s’abaissait, & les bois de santal
Exhalaient sur la mer leurs brises parfumées.
De toutes parts montaient de légères fumées,
Et les marins joyeux, accoudés aux haubans,
Voyaient les fleuves luire en tortueux rubans
À travers la campagne, & tout le long des plages
Fuir des champs cultivés & passer des villages.

Ensuite, ayant serré la côte de plus près,
À leurs yeux étonnés parurent les forêts.

Au pied des volcans morts, sous la zone des cendres,
L’ébénier, le gayac & les durs palissandres,
Jusques aux confins bleus des derniers horizons
Roulant le flot obscur des vertes frondaisons,
Variés de feuillage & variés d’essence,
Déployaient la grandeur de leur magnificence ;
Et du nord au midi, du levant au ponent,
Couvrant tout le rivage & tout le continent,
Partout où l’œil pouvait s’étendre, la ramure
Se prolongeait avec un éternel murmure
Pareil au bruit des mers. Seul, en ce cadre noir,
Étincelait un lac, immobile miroir
Où le soleil, plongeant au milieu de cette ombre,
Faisait un grand trou d’or dans la verdure sombre.

Sur le sable marneux, d’énormes caïmans