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Jeune homme elle devint, mais, hélas ! son cœur tendre
N’en fut pas plus heureux ; il battit de nouveau
Pour une belle enfant qui ne put point l’entendre,
Adorant elle-même un autre jouvenceau.

Cœnis au désespoir abhorra la lumière
Et résolut de fuir dans la nuit du trépas ;
Et ce fut sous les traits de sa forme première
Que Cœnis descendit aux lieux sombres & bas.

Là, le cœur abreuvé d’amertume profonde,
Elle erre isolément & ne fait que gémir,
Maudissant le destin qui ne la mit au monde
Que pour toujours aimer & toujours en souffrir.

Elle évite toute ombre, &, lorsqu’on la contemple,
Son regard semble dire aux gens du noir séjour :
Laissez en paix Cœnis, le plus complet exemple
Des effroyables jeux du tout-puissant Amour !

Inspiré de Virgile.




MORT DE SAKHAR


Sakhar, fils de Sharîd, homme plein de vaillance,
Dans un combat reçut au flanc un coup de lance ;
La blessure n’était point bonne, &, dans son lit,
Depuis un an bientôt tristement il languit.