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Pour que, si quelque soir l’obsession trop forte
M’y ramène, plus rien n’y parle de la morte.

Que pas un coin ne reste intime, indéfloré.
Peut-être, seulement alors, je guérirai.

(Avec des rhythmes lents j’endors ma rêverie,
Comme une mère fait de son enfant qui crie.)

Un jour, j’ai mis mon cœur dans sa petite main
Et, tous en fleur, mes chers espoirs du lendemain.

L’amour paye si bien des trésors qu’on lui donne !
Et l’amoureuse était si frêle, si mignonne !

Si mignonne qu’on l’eût prise pour une enfant
Trop tôt belle & que son innocence défend.

Mais elle m’a livré sa poitrine de femme
Dont les soulèvements semblaient trahir une âme.

Elle a baigné mes yeux des lueurs de ses yeux,
Et mes lèvres de ses baisers délicieux.

(Avec des rhythmes doux j’endors ma rêverie,
Comme une mère fait de son enfant qui crie.)

Mais il ne faut pas croire à l’âme des contours,
À la pensée enclose en deux yeux de velours.