Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/282

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La nuit parut. Ce fut la plus belle des nuits :
Les astres rayonnaient, l’un par l’autre éblouis ;
Le zéphyr & la fleur échangeaient leur caresse ;
Les hôtes des forêts se cherchaient, dans l’ivresse ;
Les oiseaux, sans savoir d’où leur vint cet attrait,
Se rapprochaient, unis dans un premier secret ;
Et le ruissellement des eaux autour des mousses
Avait des bruits de luth, de baisers, de voix douces.
On entendit alors, à travers l’infini,
Les palpitations du Verbe humain, béni ;
L’enfantement divin germa dans la nature :
L’amour, égal à Dieu, créa la créature.
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L’aube éclairait déjà l’azur de l’orient.
Adam regardait Ève & l’aube en souriant,
Comme un être enivré des douceurs de la vie.
Ève ne regardait qu’Adam. Belle & ravie,
Les yeux pleins de langueur, elle attachait sur lui
Un long regard encor plus charmé qu’ébloui.
Il dit : « Voici le jour saluant l’hyménée. »
Elle : « Voici l’épouse à tes pieds pardonnée :
Dieu bénit notre hymen, Adam. L’Éden perdu,
Nous l’avons retrouvé ; l’amour nous l’a rendu. »