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LE PARNASSE CONTEMPORAIN.

L’arbre noueux se tord en de bizarres poses ;
Un frisson court. Les bruits ressemblent à des voix ;
L’horreur sacrée emplit les plaines & les bois ;
Les vagues déités sortent de la matière ;
On voit passer l’esprit dans la vague & la pierre ;
La nuit cyclopéenne, oh ! terrible moment !
Pâle, rouvre son œil au fond du firmament.

Alors, si par hasard une chanson s’élève,
Flexible, longue, douce & forte, sur la grève,
Chanson de paysan qui retourne au foyer,
Le flot n’est plus qu’un chien que l’on laisse aboyer,
Le vent n’est qu’un oiseau nocturne aux cris funèbres,
Et l’on sent l’homme encor plus grand que les ténèbres !




L’ASPIRATION.


L’aspiration est pareille
À l’oiseau, vautour ou condor,
Qui plane dans l’aube vermeille,
Dans les nuits & les couchants d’or.

On aime ensemble & l’on redoute
Cet oiseau fauve au bec de fer
Qui sait se creuser une route
Dans la nuée & dans l’éclair.