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Nous, vaincus & raillés, pouvons-nous nous promettre
D’obtenir quelque jour la revanche du sort ?
Ce n’est pas aujourd’hui que nous aurions dû naître :
Notre vie est manquée, & nos destins ont tort.

Nous sommes condamnés, fils des races nouvelles.
Les orgueils du vainqueur ont piétiné nos fronts.
— Plusieurs ont oublié les haines paternelles ;
Nous qui voulons lutter, nous nous en souviendrons !

Nos âmes, renaissant aux audaces sublimes,
Secoûront les langueurs qui nous ont avilis :
Danton, mâle ouvrier des œuvres magnanimes,
Sois le témoin prochain des serments accomplis.

Toi qui tonnais parmi les sections épiques
Roulant les lourds canons dans les bruits des tambours,
Et, du fourmillement formidable des piques,
Hérissais tout à coup les pavés des faubourgs,

Sois présent, comme un dieu terrible, à nos orages !
Ensanglante d’éclairs vengeurs ces vils troupeaux
De lâches qui, l’œil clos & repus de carnages
Lèchent le sang des forts qui rougit leurs couteaux.