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II


Prisonnier d’un bureau, je connais le plaisir
De goûter, tous les soirs, un moment de loisir.
Je rentre lentement chez moi, je me délasse
Au cri des écoliers qui sortent de la classe ;
Je traverse un jardin, ou j’écoute, en marchant,
Les adieux que les nids font au soleil couchant,
Bruit pareil à celui d’une immense friture.
Content comme un enfant qu’on promène en voiture,
Je regarde, j’admire, & sens avec bonheur
Que j’ai toujours la foi naïve du flâneur.


III


C’est vrai, j’aime Paris d’une amitié malsaine ;
J’ai partout le regret des vieux bords de la Seine :
Devant la vaste mer, devant les pics neigeux,
Je rêve d’un faubourg plein d’enfants & de jeux,
D’un coteau tout pelé d’où ma muse s’applique
À noter les tons fins d’un ciel mélancolique,
D’un bout de Bièvre avec quelques chants oubliés
Où l’on tend une corde aux troncs des peupliers,
Pour y faire sécher la toile & la flanelle,
Ou d’un coin pour pêcher dans l’île de Grenelle.